L'OIT et EUROSTAT organisent une conférence mondiale sur la mesure des nouvelles formes d'emploi
L'OIT a appelé à l’amélioration des données qui fassent autorité pour suivre l'évolution du monde du travail lors de la conférence, qui discute du développement de statistiques fiables pour mesurer et comprendre les nouvelles formes d'emploi, en établissant une voie commune pour les années à venir.
4 juillet 2024
BRUXELLES (OIT Infos) – L’OIT a souligné la nécessité de disposer de statistiques complètes et significatives pour décrire et traiter les réalités changeantes du travail, induites par les transformations numériques, environnementales et démographiques, lors d'une Conférence mondiale sur la mesure des nouvelles formes d'emploi, organisée conjointement par l'Office statistique de l'Union européenne (Eurostat) et l'Organisation internationale du Travail (OIT).
Le monde du travail évolue selon des modalités et à un rythme sans précédent. Les transformations numériques, environnementales et démographiques entraînent des changements rapides et imprévisibles dans la nature du travail et son organisation, tandis que les relations de travail ne cessent d'évoluer et que la relation d'emploi traditionnelle s'érode rapidement.
«Dans ce contexte, il est de la plus haute importance de disposer de statistiques complètes, significatives et fiables», a déclaré Manuela Tomei, Sous-Directrice générale de l'OIT pour la gouvernance, les droits et le dialogue. «Elles permettent de mieux saisir les réalités changeantes du travail et de suivre les évolutions au fil du temps, facilitant ainsi une action politique mieux informée. Des données de bonne qualité sont essentielles pour améliorer les conditions de travail et le bien-être des travailleurs et, par conséquent, renforcer les droits du travail.»
Les nouvelles normes statistiques adoptées depuis 2013 favorisent une meilleure compréhension du travail rémunéré et non rémunéré, des relations de travail et de l'économie informelle. Il s'agit notamment d'une nouvelle norme statistique concernant les statistiques du travail, de l'emploi et de la sous-utilisation de la main-d'œuvre, qui considère que le travail de soins non rémunéré est également du travail.
«Cette norme est révolutionnaire et a donné un nouvel élan et une nouvelle légitimité aux politiques qui facilitent une répartition plus équilibrée du travail non rémunéré au sein des familles et entre celles-ci et l'État, par exemple en investissant davantage dans les politiques publiques de garde d'enfants et de soins aux personnes âgées», a déclaré Mme Tomei.
Elle a également souligné l'alignement étroit entre la nouvelle norme statistique sur l'informalité et la recommandation n° 204 de l'OIT sur la transition de l'économie informelle vers l'économie formelle, qui fournit des orientations sur l'action politique. Les deux normes utilisent la même définition de l'informalité et couvrent l'informalité des emplois, des activités professionnelles et des unités économiques, ainsi que la contribution des activités informelles au PIB.
Mais d'importantes lacunes persistent, les données actuelles étant insuffisantes pour suivre avec précision l'évolution du monde du travail. «Il n'existe pratiquement pas de données faisant autorité pour éclairer les discussions sur l'impact de l'intelligence artificielle et de la gestion algorithmique, par exemple. Pour exploiter pleinement leurs avantages potentiels, nous devons comprendre leurs implications pour les travailleurs. Des données de haute qualité sont essentielles pour la qualité de ces débats», a ajouté Mme Tomei.
En outre, les données ne sont pas toujours suffisamment intégrées dans l'élaboration des politiques, parfois en raison d'un manque de clarté quant à ce qui est mesuré et pourquoi.
«J'espère qu'à l'issue de cette conférence, nous aurons une meilleure idée de la voie à suivre, non seulement pour améliorer la disponibilité des données sur les transformations du marché du travail, mais aussi pour mieux relier les données à l'élaboration des politiques afin de prendre des décisions mieux informées qui favorisent des pratiques d'emploi équitables, inclusives et durables et un travail décent pour tous», a conclu Mme Tomei.